Les projets de Yona Friedman et de Constant pousseront plus loin le décollement de la ville du sol, afin de les libérer l'un de l'autre : la ville se développe au-dessus de l'existante (et donc de sa voirie). Les maquettes de la Nouvelle Babylon (1959-1974) de Constant illustrent très nettement cette déconnection. Le monde d'en-dessous en revanche n'intéresse que peu leurs études.
Utopies des années 60
Ambiance d’une ville future, Constant, 1958
Ce système de ville sur la ville sera prolongé par Superstudio et son Monument Continu, développé de 1969 à 1971 : monolithe phagocytant la ville ancienne, ou plus exactement se superposant à elle, le Monument Continu est une mégastructure, il intègre tous les services et équipements (systèmes de transport, réseaux fluides, électriques, de données, etc). Il deviendra au fil des projets un nouveau sol dédié à une "civilisation" vivant nue à sa surface, s'y connectant à tout endroit pour répondre à leurs besoins.
Paul Maymont, quant à lui, développera sa mégastructure dans l'espace "disponible" sous la Seine à Paris. Il profitera de cet espace finalement assez sous-utilisé jusqu'à présent pour y faire passer non seulement une multitude de réseaux, routiers, ferrés, de fluides, mais également en y plaçant toutes sortes d'équipements.
Raimund Abraham, avec son projet Glacier City en 1964, reproduit ce schéma dans l'espace laissé vide par un fleuve absent, sa mégastructure se déployant de façon linéaire et incontrôlable sur le fond d'une vallée.
Paris sous la Seine, Paul Maymont, 1962
La ville spatiale, Yona Friedman
Il monumento continuo, «New New York», Superstudio, 1969
Gli atti fondamentali, «Vita. L’accampamento», Superstudio, 1971-1972
Glacier City, Raimund Abraham, 1964